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07 février 2015

Ressenti des 10 et 11 janvier


Pour répondre à la question de TC dans son numéro 3620 : "Après les journées des 10 et 11 janvier quel est votre ressenti ?
Je n'ai pas participé aux marches républicaines sinon 
sur l'écran TV mais ces rassemblements m'ont ému ; je me sentais très proche de cette foule et des officiels qui défilaient. J'ai participé à ma façon en réagissant et en partageant avec mon entourage.
Oui j'ai été stupéfait par ces odieux attentats. J'y ai vu une volonté de faire mal là où ça touche le plus, la liberté.

Non je ne me sentais pas Charlie, je ne voulais pas m'identifier à ce journal que je trouve provocateur, violent et grossier par ses caricatures justement. Dans le genre, je préfère le Canard Enchainé qui donne des informations totalement crédibles et qui s'est trouvé endeuillé à cette occasion.
Chacun d'entre nous aurait pu être victime. Pourtant j'ai trouvé extrêmement significatif, symbolique, chrétien, que soient touchés des innocents de bonne volonté, responsables ou non de la motivation incompréhensible, iconoclaste, anachronique des tueurs. Par leur sacrifice, involontaire peut être, ils ont pu avoir cette formidable capacité de rassembler et d'interroger nos contemporains de tous bords. 

L'ami Georges

L’ami Georges au domaine de Collongue

Prévenu par un message de sa fille Muriel à Marie Jo alors que je m’inquiétais depuis quelques temps, je suis allé voir Georges interné, officiellement en séjour de réadaptation, au Domaine de Collongue, une maison de retraite médicalisée sur la route de Vauvenargues. Il ne pouvait plus rester seul chez lui bien qu'une personne s'occupait de lui tous les jours. Il se négligeait.
Georges, un ami de quarante ans, a été un de mes premiers patients au Centre médical Mirabeau en 1975, il m’a introduit à la Vie Nouvelle alors que nous venions à peine de nous installer en famille à Aix.
Georges était enseignant en Histoire à la Fac d’Aix, un des sommets de sa vie professionnelle a été la réception de sa thèse sur les outils agricoles du Moyen Age, thèse passée devant un jury présidé par le célèbre historien, son maitre, Georges DUBY.
Georges était mon meilleur ami de l’époque. Lui, très engagé dans de multiples cercles socio politiques, semblait apprécier mon toucher thérapeutique, ma compagnie moins intellectuelle que son ordinaire. Je me souviens l'avoir entrainé, lui pas particulièrement à l'aise avec son corps, dans telle ou telle expérience peu classique mais exceptionnelle. En revanche il me transmettait des blagues "spirituelles", des blagues de fac (en 2002 : "Séminaire pour hommes")
Nos enfants du même âge, Christophe et Olivier jusqu’à son accident en 86, faisaient  une belle équipe. Ils étaient souvent fourrés ensemble. Olivier avait la désagréable habitude de claquer la porte derrière lui quand il partait, détail que Georges a rappelé lors des obsèques mémorables dans la petite chapelle de Célony. Olivier est mort à 20 ans et ses copains ont fait une cérémonie dansante pour lui dire adieu. Georges m’a accompagné aussi à Cheval Blanc reconnaître les débris de la voiture qui, à Lambesc, avait été broyée par le camion sur la Nationale 7.
Georges est encore vivant mais ce n’est plus lui, on dirait qu’il est déjà parti. Il semble déconnecté. Ces derniers temps, quand il arrivait par surprise à la maison avec sa petite voiture sans permis, il ne restait que quelques minutes, ne faisant que passer annonçait il. Il disait perdre la mémoire. Mardi dernier, au Domaine de Collongue, il a semblé me reconnaître :
« Tiens ! Que viens tu faire ici ? »
« Je viens te voir ». Pas de réaction.
Deux minutes après, même question, même réponse, même passivité.
Il était descendu de sa chambre pour participer à une animation chant qui avait lieu dans le salon d’accueil où nous étions. Donc après quelques échanges de banalités auxquelles il répondait par oui ou par non, « Tu as une chambre seul ? Tu es bien installé ? Les voisins sont sympathiques ? » il me laisse sans un mot et va s’installer près du groupe en attente de chanter. Apparemment déçu au bout de quelques minutes il repasse devant moi et se dirige vars l’ascenseur pour monter dans sa chambre. Je le rejoins, avant que la porte se referme, pour lui dire au revoir. Un petit signe en réponse et il disparaît. Je reste sidéré un moment et repars sous la pluie et dans le froid.
Georges. Quelle fatalité l’accable ! Depuis la maladie de Sylvette il n’a pas cessé de décliner, incapable, semble t il, de parler de lui, de ce qu’il vit, de ce qu’il ressent, de ce qu’il pense. Je relis les blagues qu’il pêchait sur Internet et qu’il m’envoyait en 2005. Il s’est mis ensuite à fumer, à boire peut être et à faire un disque pendant des années, sur le Moyen Age. L'a t il réalisé ? ...
Ce que je sais c'est que je suis allé voir Georges et ne l'ai pas rencontré.

La mort nous hante

Tout ne sera jamais dit sur la mort. Les témoignages qui m’ont particulièrement interpellé sont de ceux qui l’ont vécue et en sont revenus (pour un temps évidemment). Oui, c’est le passage qui nous effraie car l’après ne nous concerne plus. Pour moi, qui m’y prépare depuis longtemps, je souhaiterais que ce départ se fasse pendant mon sommeil.

Et, tout en admirant la vitalité, la présence des anciens, je me verrais bien laisser la place à 80 ans (il n'y en a plus pour très longtemps). Mais, je suis maître de rien, et pas de mon destin en particulier. 

Vidéo de l'atelier Lecture : "1,2,3 et hop !"

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Un grand père, amateur de jardin et pratiquant le yoga.